DIJON, BOURGOGNE MONTRECUL / CHENOVE, BOURGOGNE CLOS DU CHAPITRE
DIJON, BOURGOGNE MONTRECUL et CHENOVE, BOURGOGNE CLOS DU CHAPITRE
"Dijon tire sa légitimité à recevoir la Saint-Vincent tournante des climats de Bourgogne de son passé viticole qui renaît avec vivacité, depuis les années quatre-vingt. Au voyageur un peu distrait qui se promène dans nos rues, ce passé lui est suggéré par la fameuse statue de la place du Bareuzai. Il y a aussi le cellier de Clairvaux et le cellier Saint-Bénigne qui sont les vestiges encore visibles du quartier de Saint-Philibert où habitaient et travaillaient les vignerons. On n’y recensait pas moins de 321 vignerons sous Louis XIV. Aujourd’hui, bars à vins et cavistes maintiennent ce lien gourmand. Il suffit alors de pousser la porte de l’un de ces établissements pour obtenir des informations sur les vignes alentours.
En 587, Gontran, roi de Bourgogne, donne des vignes de Larrey à Saint-Bénigne. Vers 620, Clotaire VI plante des vignes sur les Chaumes de ce secteur et un peu plus tard, Amalgaire donne un vignoble à l'abbaye de Bèze.
La vigne est cultivée à Dijon, dans la partie ouest de la ville, sur le coteau qui n'est que le prolongement de la côte viticole. Les climats les plus réputés : "Hameaux de Larrey, Champs-Perdrix et les Marcs d'Or" donnent des vins tout à fait exceptionnels. Ils présentent la vivacité, la noblesse, la finesse comparables aux meilleurs crus blancs de la Côte de Beaune, rappelant les Meursault. La vigne est présente également sur les lieux-dits des Bourroches, en Montre-Cul, Valendons, Tire-Pesseau, Corvées, Saules, Crais de Pouilly, Poussots, Roses, Perrières, Violettes et Echaillons. Au cours du XIXème siècle, la superficie viticole de Dijon et de ses proches alentours est de 1000 à 1200 hectares. Peu à peu, le phylloxéra d'abord, puis l'urbanisation de Dijon et de sa banlieue, ont fait disparaître le vignoble et repousser ses limites jusqu'à Marsannay-la-Côte, en direction de Beaune.
Après une quasi-disparition et un engourdissement certain, le vignoble des coteaux de Dijon renaît de façon remarquable. Il faut d’abord parler du clos des Marcs-d’Or qui domine le lac, près de la Fontaine-d’Ouche, sur le plateau de la Cras. Son nom proviendrait de mardour ou mardoul. C’est l’un des plus anciens vignobles de la Côte-d’Or, planté avant la fin du VI e siècle, disparu en 1967, lors de la construction du quartier et reconstitué en 1981 par la Ville de Dijon ; aujourd’hui cultivé par Pierre Derey, exploitant fermier à Couchey.
Il faut aussi parler du domaine de la Cras à Plombières-lès-Dijon que l’on doit au pionnier des coteaux de Dijon, le regretté Jean Dubois auquel a succédé Christophe Perrin qui cultive huit hectares au-dessus de la combe à la Serpent.
Le fer de lance des vignobles des coteaux dijonnais apparaît sans conteste le domaine de Jean DUBOIS qui, au fil du temps, a su planter et s'implanter à Plombières-lès-Dijon mais également à Talant... 6,5 hectares de vignes (où le chardonnay côtoie le pinot noir), classés en AOC, ont ainsi vu le jour sur le domaine de La Cras à Plombières-lès-Dijon, sur des terres acquises dans les années 60.
Ces vins sont reconnus et largement appréciés (le blanc dégage des arômes de fruits légèrement grillés pour les vins vieillis ; le rouge, à la robe brillante avec des arômes de fruits rouges, demande d'être conservé trois ou quatre ans avant d'être dégusté)...
En blanc ou en rouge, les vins de Jean DUBOIS ont été plusieurs fois médaillés au concours de Mâcon. En 1997, le concours général agricole de Paris a également plébiscité sa fine des coteaux de Dijon, lui attribuant l'or.
Il faut également citer parmi les survivants, le vignoble du Montre-Cul, exploité aujourd’hui par le château de Marsannay, Derey, Bouvier et autres.
Le nom MONTRECUL (ou MONTRE-CUL ou EN MONTRE-CUL) ne peut être adjoint à celui de BOURGOGNE que pour les vins rouges et blancs. produits à l'intérieur de l'aire délimitée de l'appellation.
Le Clos des Marcs d'Or, ancienne propriété des ducs de Bourgogne et du roi de France, est le domaine le plus ancien et le plus important (5 ha 33) de Dijon. Par la suite, il entre dans le patrimoine du Marquis de Courtivron, puis des Etablissements Pascal et Frères à la fin du XIXème siècle. Il disparaît entre 1960 et 1969 lors de l'aménagement du quartier de la Fontaine d'Ouche. La Ville de Dijon a conservé une parcelle dite "de l'Eperon", située au lieu-dit : "Les Marcs d'Or".
Il s'agit d'un éperon rocheux à flanc de coteau, compris dans le périmètre du quartier de la Fontaine d'Ouche. Pour redonner vie à ce vignoble -le Clos a terriblement souffert à la suite des démolitions et constructions-, il a fallu reconstituer et protéger entièrement le Clos en apportant de la terre à la vigne. Replanté en 1981 par la Ville de Dijon sur 42 ares en Chardonnay, par excellence le cépage fin des vins blancs bourguignons, le Clos est aménagé en terrasse sur deux lieux-dits : "Les Marcs d'Or et le dessus des Marcs d'Or". L'appellation d'origine contrôlée Bourgogne "Clos des Marcs d'Or" devient le clos de la ville de Dijon
Le phylloxéra et l’urbanisation ont contribué à restreindre le vignoble des côtes de Dijon, puisqu’il est passé de 3 000 hectares à la fin du XIX e siècle à 50 hectares en 1920 à une quarantaine aujourd’hui. Une enquête réalisée en 1957 par l’Institut des vins de consommation courante relevait alors 50 hectares de vignes à Chenôve, 15 à Daix et 22 à Ahuy. Il faut faire un effort d’imagination aujourd’hui, car il y avait au Moyen Âge des vignes sur l’actuel campus. Les coteaux surplombant actuellement le lac Kir passaient pour donner les meilleurs vins, explique Thomas Labbé, historien et chercheur : « On parlait alors des vins des Mardors ». On en a aujourd’hui perdu le souvenir, mais il y avait des vignes dans la commune de Saint-Apollinaire, à Mirande, Quetigny, Montmuzard et Ahuy.
« On a retrouvé les déclarations des bans de vendange du maire de Dijon qui montrent bien qu’il y avait une quinzaine de secteurs distincts », précise Thomas Labbé qui indique que le vin de Dijon correspondait à une marque. Cette tradition viticole ancienne est restée très vivante à Chenôve qui s’enorgueillit de son pressoir."
article du Bien Public et de Dijon.free.fr